Digitalism...

6 juillet 2009

Largement exposés ces dernières années aux quatre coins de nos contrées, les Jpegs de Thomas Ruff font enfin l’objet d’un livre. Ancien élève de Bernd Becher à l’École des beaux-arts de Düsseldorf , il est l’une des figures de proue de ce que l’on a coutume de nommer l’École de Dusseldorf: acuité du regard sur les détails de la vie réelle, le choix de sujets photographiques les plus simples et les plus clairs possible, et leur reproduction la plupart du temps en grands formats mettent en avant leur exigence artistique.

Depuis les années 1990, Ruff a sérieusement réduit sa production de prises de vue. Il se consacre davantage à sélectionner des photos sur internet qu’il retravaille ensuite. L'objectif de ses œuvres? Interroger notre représentation du monde à l’ère numérique.

Le titre fait évidemment référence au format de compression des images numériques. Le codage jpeg découpe l’image en un ensemble de carrés de 8 x 8 pixels de côtés, soit 64 pixels au total. Au sein de chacun des carrés, le jpeg profite des limites de l’œil humain dans la perception des couleurs pour réduire le nombre de teintes présentes dans l’image originale. Un ensemble d’équations complexes permettent ensuite de diminuer encore le poids de l’image. Le résultat se veut invisible pour le spectateur. Ruff prend le parti inverse et par agrandissement excessif, environ 2,50m x 1,5m, révèle la “matérialité” des images numériques. Ce faisant, il s’inscrit dans une longue tradition de l’Histoire de l’Art qui, du pointillisme de Seurat au mec’art d’Alain Jacquet ou au pop art de Roy Lichtenstein, a entrepris de rendre visible la structure des images.

Un très bel ouvrage en vente pour 75 euros sur fnac.com.

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