Culture et snobisme...

J'étais l'autre jour à une remise de prix...la personne récompensée devait dresser un bref portrait d'elle-même, de ses goûts en dehors de ses activités professionnelles.

Quant elle évoque avec une voix haut perchée sa passion pour le cinéma d'auteur, j'ai vu le regard de toute l'assistance s'éclairer, comme éblouie par le raffinement culturel dont la personne primée faisait preuve.

Je ne remets pas du tout en cause le fait que cette brave personne puisse aimer le cinéma d'auteur mais entendant cette branche de l'industrie cinématographique de plus en plus citée dans les goûts et loisirs de connaissances (j'ai même pu le lire récemment dans la rubrique loisirs d'un CV d'une personne de 23 ans!), je peux aussi me demander s'il n'y a pas là un certain snobisme à se différencier à tout prix des goûts plutôt grand public...

D'ailleurs, toutes les personnes qui semblent s'y intéresser de si près sont-elles capables de définir ce qu'est le cinéma d'auteur? Car, naïvement, on peut en effet se dire que tout film a forcément un auteur...

Il n'existe pas de définition rigoureuse de cette notion apparue en France dans les années '50. Le cinéma d'auteur peut aussi parfois être repris sous le terme "art et essai".

Un film appartenant à la catégorie du cinéma d'auteur rempli généralement les critères suivants:

• Un scénario non dicté par les seules lois du marché. Les films sont le reflet de valeurs artistiques (oeuvres) plutôt que de pur divertissement. Le film correspond à un vrai désir d'expression de celui qui l'a imaginé et l'a fait exister, son auteur. Le cinéma d’auteur fait donc appel à une notion d’écriture cinématographique.
• Son auteur est bien souvent multicarte : il a eu l’idée du film, a écrit le scénario, rédigé les dialogues, décidé des décors, s’est parfois mêlé des costumes et de la musique. Enfin, c’est lui qui réalise, c’est-à-dire qui dirige le tournage, puis le montage ; il cumule les postes, ce qui donne un film parfois plus cohérent, souvent plus singulier : il est essentiellement signé par une seule personne.
• Une place plus ou moins importante est accordée à une diversité des genres, des idées, des styles, des cultures.
• Une politique de promotion en phase avec le film: expositions, festivals, débats, etc.
• Une indépendance des groupes capitalistes
• Un partenariat plus ou moins actif avec les collectivités, que ce soit pour des subventions, la coopération avec le milieu éducatif, etc.

Souvent, le cinéma d'auteur est opposé au cinéma commercial, c’est-à-dire un cinéma qu’on tourne et qu’on fabrique, à grands frais, pour gagner plus d’argent encore qu’on en a dépensé. Ce serait hypocrite de dire que le cinéma d’auteur dédaigne le succès, mais ce n’est pas ce qu’il vise en premier lieu. Néanmoins, ces films doivent quand même entrer dans un marché car sinon, pas de film possible puisque le cinéma a un coût!

Vous l'avez compris, "Pirates des Caraïbes", "les 4 Fantastiques", "Les Bronzés", sont loin d'appartenir à cette catégorie. Néanmoins, un reproche souvent fait (parfois à tort) à l'égard du cinéma d'auteur est sa fâcheuse tendance à tomber dans la masturbation intellectuelle.

Alors, maintenant, à vous d'oser défendre vos idées et ce que vous aimez vraiment. Mais, cependant, un conseil: en cas de mini-déprime, de journée affolante au bureau, de  poisses cumulées en même pas 24h, jettez-vous sur "La Doublure", "Le Cactus", "Prête-moi ta main" ou tout autre film édulcoré qui vous fera un bien fou...